Interview : rencontre avec Oete

Avec sa « variété alternative », pont libératoire entre les tubes FM de son enfance et l’exigence de la chanson française indépendante, Oete s’affranchit à coups de textes à fleur de peau de toutes les cases dans lesquelles on serait tenté de l’enfermer. Des Armes & Paillettes lumineuses en surface, écorchées dans le cœur. Rencontre. 

Peux-tu te présenter ? 

Je m’appelle Oete, j’ai 23 ans et je fais de la musique pour danser sérieusement. 

Quel est ton parcours musical ? 

J’ai tout appris en autodidacte. J’avais envie depuis tout petit de faire de la musique, mais de par de là où je viens ça paraissait inaccessible. Donc j’ai commencé par le théâtre car dans le village à côté de chez moi il y avait des cours de théâtre, ensuite le cirque, la danse entre deux, et le jour où j’ai eu mon premier salaire à 17 ans je me suis acheté une guitare. J’ai appris la musique comme ça, six mois après avoir commencé à jouer je faisais mes premières compositions. 

Quel est le processus de création de tes morceaux ? 

Je ne pars jamais d’une idée, je n’aime pas me dire que je vais me mettre derrière mon piano et écrire une chanson d’amour. Pour moi il a quelque chose qui s’appelle la vérité, et c’est ce que j’essaie vraiment de faire dans ma musique. Tout est assez instinctif, généralement j’ai un flash qui me vient dans le métro ou à un moment où je ne peux pas créer. Je vais m’empresser de rentrer chez moi et de coucher ça. Si je ne suis pas attrapé par la mélodie, je ne vais pas continuer le projet, si la mélodie m’attrape directement je continue, j’écris quelques mots, et en une demi-heure la chanson est née. 

Ton premier album s’appelle « Armes & Paillettes », deux choses diamétralement opposées, quelle est la signification derrière tout ça ? 

J’aime bien les oxymores, je pense que ça en ressort beaucoup dans cet album. J’aimais bien cette idée de deux sujets qu’on vient juxtaposer, je trouve que ça contient exactement ce que j’ai envie de raconter dans ma musique. Les armes ce sont toutes les névroses et les carences qui sont les chansons sur lesquelles j’invite à danser, et les paillettes c’est justement ce côté instinct, de poésie et de beauté qu’on essaie de mettre dans notre vie, alors qu’elle peut paraître assez sombre parfois. 

Le disque s’ouvre sur « Corps & Ego », un titre très catchy. C’était une volonté de ta part de proposer un projet aussi dansant ? 

C’est le but même de la musique que j’ai envie de faire. Quand je parle de « musique pour danser sérieusement », oui on danse et le but c’est de danser. Quand je danse sur HPV, qui est un titre qui parle d’une MST, c’est une victoire que je viens prendre contre moi-même. Je trouve qu’exprimer des victoires en dansant sur des choses qui ont pu nous faire du mal, c’est la plus belle chose qui puisse nous arriver. Et c’est hyper libérateur surtout. 

La danse est d’ailleurs au coeur de ton projet, comme dans tes clips. Peux-tu m’en parler ? 

Pour moi la danse c’est une vraie forme d’expression. Quand je suis sur scène et que je danse sur mes titres, c’est vraiment le moment où je réfléchis le moins possible, c’est juste des formes de pulsions qui traversent mon corps et qui viennent s’exprimer. C’est ce que je trouve le plus beau. D’ailleurs j’ai eu la chance d’en faire au collège, il y avait des associations sportives le vendredi midi, c’était trop bien.

Il y a un vrai travail sur l’image de ton projet. C’est quelque chose d’important pour toi ?

C’est hyper important. A l’époque, c’était plus le label qui « décidait de l’image » et le chanteur chantait, aujourd’hui c’est différent. On peut prendre les projets de Kalika, d’Angèle ou de Clara Luciani par exemple, on ne propose pas juste une musique mais tout un univers autour du projet, pour pouvoir définir sa musique en une image. Quand je fais ma pochette d’album, je veux qu’elle raconte une vraie histoire, et pas que ça soit juste une jolie photo de ma tête. J’ai vraiment envie de raconter une histoire à travers mon projet dans son entièreté.

Et justement, elle raconte quoi cette pochette ?

La pochette tourne autour de l’ex-voto que j’ai tatoué sur mon plexus solaire, pour moi ça vient parfaitement illustrer l’histoire de l’album. L’ex-voto c’est un objet qu’on m’a offert et ça représente le lien que j’ai avec l’univers de manière large. Je crois beaucoup aux guides, j’aime tirer les cartes, et depuis que j’ai cet objet chez moi j’ai l’impression que ça me guide dans mon intérieur et dans mon espace de vie. Donc je l’ai tatoué sur mon plexus solaire car c’est le troisième chakra, celui de la confiance en soi, et pour moi c’est quelque chose de très important. 

Comptes-tu défendre ton projet sur scène ? 

Oui, on vient d’annoncer pas mal de dates, dont une à Paris le 6 avril 2023 eux Etoiles. Sinon je serai ce week-end aux Primeurs de Massy, aux Primeurs se Castres, la semaine prochaine au Crossroads festival, et j’ai aussi la chance de faire deux premières parties de Juliette Armanet le 10 et 11 novembre. 

Que peut-on te souhaiter pour la suite ? 

Que cet album soit écouté je pense, c’est le plus important, ça serait déjà énorme. Et de continuer cette route, que la lumière que je suis soit longue et pleine. 

Un petit mot pour la fin ? 

Il y a toujours des surprises dans l’univers. 

Crédit photo : Yann Orhan

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